Durant la seconde guerre mondiale, l’effort de guerre a nécessité la fabrication en très grande série de véhicules, d’avions, d’armements, souvent en reconvertissant des entreprises d’autres secteurs d’activité. Afin d’assurer la conformité et la qualité de fabrication, il est devenu nécessaire de vérifier non seulement le tolérancement dimensionnel, mais également de maîtriser et vérifier l’état de surface des pièces fabriquées. Or, l’échelle où se manifeste l’état de surface ne permet pas un contrôle visuel fiable dans la plupart des cas. Il a donc fallu inventer de nouveaux instruments de mesure.
C’est notamment sous l’impulsion de Rolls Royce, qui en avait besoin pour ses usines, que la quête pour fabriquer le premier profilomètre commercial a été lancée à la fin des années trente. Des ingénieurs et des chercheurs ont fortement contribué aux travaux, dont le Dr Schmaltz, Ernest J. Abbott, Harry Shaw, George Tomlinson et surtout de John E. Reason, de Taylor Hobson. John Reason a conçu et développé le premier profilomètre commercial et autonome, sous la direction de Mark Taylor.
Le Talysurf 1 est né en 1941.
Son design simple et efficace est basé sur le déplacement d’un palpeur, guidé par une surface de référence. Un stylet enregistre les différences de hauteur sur la surface à mesurer.
Le principe d’un profilomètre est assez simple. Une pointe microscopique, en contact avec la surface, est déplacée le long de l’axe X. Le mouvement vertical de la pointe, dû au relief, est capté et amplifié. Le profilomètre est en général installé sur une colonne Z, permettant de positionner la pointe au-dessus d’une pièce à mesurer. L’unité d’avance déplace le stylet le long de l’axe X, perpendiculaire à Z. Le marbre sert de plan de référence et de support aux pièces à mesurer.
Plus précisément, le capteur glisse sur un barreau de référence, grâce à une vis sans fin, animée par un moteur. Le barreau sert de référence interne de rectitude. C’est un élément rectifié avec une grande précision, qui souvent justifie le prix du profilomètre. Il permet au stylet d’enregistrer tout l’état de surface, que ce soit la rugosité, l’ondulation et les écarts de forme, voire la forme elle-même.
Il existe également des profilomètres sans référence interne, dont le stylet est équipé de patin reposant sur la surface.
Le stylet est lui-même terminé par une pointe, constituée d’une sphère microscopique de quelques microns de rayon. Cette sphère, souvent en diamant ou en pierre dure comme le saphir, est attachée à un support conique. L’ensemble constitue une pointe conisphérique.
Par défaut, la pointe a un rayon de 2 µm, et le cône a une ouverture de 60°. Mais les fabricants proposent de nombreux modèles avec diverses caractéristiques, notamment concernant la longueur et la hauteur du stylet.
Le stylet pivote autour d’un pivot. L’autre extrémité du stylet est reliée à un dispositif transducteur, chargé de convertir le mouvement vertical de la pointe, en un signal électrique.
Il existe différentes technologies de transducteurs.
Comme tout déplacement, le capteur ne peut passer instantanément de l’arrêt à la vitesse de croisière. Il y a donc une phase d’accélération, pendant laquelle le déplacement n’est pas linéaire, et donc l’espacement entre les points n’est pas régulier. C’est ce qu’on appelle la pré-course, qui est supprimée par le logiciel du profilomètre. Mais il faut néanmoins tenir compte de cet espace nécessaire sur l’échantillon, ce qui peut parfois poser des problèmes sur de petites pièces.
De la même façon, une fois la longueur du profil mesurée, l’unité d’avance décélère progressivement jusqu’à l’arrêt, créant une post-course. Les pré-courses et post-courses sont d’autant plus longues que la vitesse est élevée.
Présentation générale sur le fonctionnement général des profilomètres à contact permettant de mesurer les états de surface. Durée : 12 min 28
Certains profilomètres sont équipés de palpeur à patin. Le principe est d’avoir un support large en contact avec la surface, pour servir de référence. Ce support lisse les aspérités locales, permettant à la pointe d’enregistrer les différences entre cette forme lisse et le relief réel, approximant ainsi la rugosité.
Ce type de profilomètre est plus économique, mais il ne permet pas de mesurer l’ondulation, ni les écarts de forme. Aujourd’hui de nombreuses marques proposent des profilomètres de poche, appelés rugotests, dont on pose la partie mesurante directement sur la pièce à mesurer. Cela permet de mesurer des surfaces, directement sur une pièce de grande taille, en production.
Les profilomètres de laboratoire permettent des mesures plus précises, comprenant non seulement la rugosité, mais également l’ondulation voire les écarts de forme. De plus en plus de profilomètres font à la fois de l’état de surface et du contour.
La grande précision de ces appareils nécessite de les isoler des perturbations de l’environnement, vibrations mécaniques et acoustiques. C’est pourquoi certains modèles sont montés sur des tables d’amortissement actives, et sont protégés par des enceintes closes.
Certains profilomètres sont spécialisés pour la mesure de composants microélectroniques, voire de wafers en silicium. Ces surfaces très fragiles nécessitent une force d’appui extrêmement faible, grâce à des capteurs à force contrôlée dynamiquement (appelés capteurs « low-force » en anglais).
Des modèles destinés aux chaînes de fabrication des composants, en salle blanche, peuvent recevoir des cassettes hermétiques contenant plusieurs wafers qui sont chargés et déchargés dans le profilomètre automatiquement.
Tous ces avantages font que le profilomètres à contact est aujourd’hui encore, le mode de mesure le plus répandu, pour l’analyse des états de surface.
Il faut également être conscient des inconvénients et des limites de la technologie.